Appel à projets France 2030 « Alternatives vertes 2 »
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« Le rapport de l’homme à des lieux et, par des lieux, à des espaces réside dans l’habitation. La relation de l’homme et de l’espace n’est rien d’autre que l’habitation pensée dans son essence. »
« Bâtir, habiter, penser », Martin Heidegger, 5 août 1951
De manière générale, l’écologie est comprise comme science qui étudie les rapports entre les êtres vivants et l’environnement dans lequel ils vivent. Elle renvoie à la façon dont on habite un espace, en tenant compte des flux et des échanges d’énergie entre différents éléments organiques ou inorganiques que cela implique. Nous pouvons dire qu’elle est une science systémique dans la mesure où elle s’intéresse davantage aux interactions entre différents objets qu’à la nature même de ces objets. L’écologie a déjà été impliquée dans le domaine de la création artistique à maintes occasions. La question des rapports entre l’homme et son environnement a inspiré différentes formes d’expressions artistiques (notamment picturales), mais c’est avec l’apparition au siècle dernier d’œuvres que l’on pourrait qualifier d’habitables qu’elle acquiert une importance sans précédent dans ce domaine.
La philosophie d’Heidegger enseignait qu' »habiter » c’est avant tout « être au monde », et que les hommes doivent au préalable savoir « habiter » avant de bâtir. Cette approche permet d’envisager l’écologie et l’habitat bien au-delà du simple fait de se loger. Il s’agit plus généralement d’une manière d’exister et d’appréhender sa propre expérience d' »être au monde » pour enfin envisager de bâtir, ou « faire-habiter » selon les termes du philosophe. Dans ce sens, le faire est relatif à l’expérience de l’être vis-a-vis de son milieu de vie, et se prolonge par l’acte de création d’un artefact médian ayant pour finalité de favoriser le bien-être dans l’environnement habité. C’est précisément ce « faire-habiter », dans le sens où il soulève des questionnements liés à la poïétique, qui alimentera notre réflexion au cours de ce colloque.
Les dispositions de l’homme pour fabriquer et bâtir sont liées aux techniques qu’il développe à travers le temps. Le terme média, du latin medium, peut être compris comme ce qui sert d’intermédiaire ou de support à la création et peut donc concerner autant l’outil de fabrication que le matériau employé. Les techniques liées à l’électronique et au numérique évoluent actuellement de manière considérable. Ces dernières nous intéressèrent particulièrement pour ce qu’elles apportent de nouveau dans ce « faire-habiter ». Nous tenterons alors de comprendre comment, dans les pratiques artistiques contemporaines, la notion d’écologie est revisitée au regard des technologies actuelles, notamment en terme de programmation, de paramétrage, de contrôle ou de dispositif, en articulation avec la notion d’environnement.
En appui sur un corpus d’œuvres caractérisées par l’utilisation de nouveaux médias et de technologies émergentes, nous verrons comment se dessinent de nouvelles possibilités de concevoir et modeler un espace (une pièce, un site, un habitat, un territoire…). En plongeant le spectateur en immersion dans l’œuvre ou bien en configurant des œuvres en relation avec un milieu spécifique, comment les artistes explorent-il de nouvelles façons d' »habiter » ?
La notion d’écologie étant très variable selon l’objet et le type d’environnement pris en compte, la problématique ainsi posée donnera lieu à une réflexion structurée selon trois axes. Bien que des transversalités puissent être envisagées entre ces axes, aborder cette notion d’écologie sous différents angles permettra d’en saisir plusieurs subtilités dans sa relation à l’art.
La conception Heideggérienne de l’habitat constitue une base non négligeable. Cependant, afin de compléter cette dernière par des approches plus contemporaines de l’écologie, les trois axes proposés seront inspirés des trois écologies telles qu’elles sont définies par Felix Guattari autour de la notion d’écosophie dans son ouvrage Les trois écologies. En premier lieu, l’écologie environnementale concerne les rapports du vivant à la nature et à l’environnement. Ensuite, l’écologie sociale s’oriente davantage vers les rapports entre les êtres humains et la manière dont ils se logent et échangent entre eux. Enfin, l’écologie mentale s’intéresse plus spécifiquement à la psyché humaine et à la cognition du monde.
1er axe : Immersion, interactivité et cognition
Le développement récent des technologies de l’interactivité donne au corps des possibilités sans cesse redéfinies d’interagir avec son environnement. De nombreux artistes ont su proposer des environnements immersifs, sensibles aux présences, aux mouvements, aux comportements. Que devient l’expérience d’être-au-monde, lorsque le corps est interfacé à son environnement sensoriel ? Une tension permanente entre des situations de perturbation et d’adaptation ne met-elle pas à l’épreuve les capacités et habitus perceptifs ou cognitifs du corps vis-a-vis de son environnement ? Une écologie mentale pourrait alors être envisagée comme approche cognitive des processus de création dans la relation artiste/media/ environnement, mais aussi comme un moyen d’étudier l’expérience du spectateur dans l’environnement immersif de l’œuvre.
2ème axe : Pratiques in-situ et nouveaux médias
Dans ce second axe, l’accent est porté sur les œuvres qui soulèvent des enjeux concernant les relations entre une création et son environnement. Quels rôles peuvent jouer les nouveaux médias dans ces relations ? Comment « faire-habiter » ou faire cohabiter l’artefact avec son environnement ? Comment la technologie peut s’inscrire comme intermédiaire entre un être vivant et son milieu ? Dans les œuvres de Land Art et plus généralement les œuvres dites in-situ, mais aussi toutes les œuvres qui sont concernées par les technologies embarquées et les notions de paysage ou de territoire, un dialogue entre la machine et la nature peut être envisagé comme un chantier fertile pour les plasticiens.
3ème axe : Habiter ensemble avec les technologies
L’habitat est considéré cette fois ci plus spécifiquement en lien avec le logement humain et la dimension sociale de l’écologie. De la domotique vers la maison contrôlée, de l’architecture évolutionnaire vers des structures complexes, de l’habitat connecté vers une porosité entre espace public et privé, quel regard posent les artistes sur ces différentes possibilités de « faire-habiter » ensemble de nos jours ? Si l’habitation peut être assimilée à l’idée de cloisonnement, les œuvres qui instaurent une pratique des nouveaux médias dans des dimensions architecturales et sociales tendraient à proposer, si ce n’est une rupture, au moins une redéfinition de cette idée de cloisonnement.
Table ronde : Création de lieux et lieux de création
L’utilisation des technologies en art n’implique pas seulement les modalités de réalisation de l’œuvre, mais oblige à repenser les espaces de création et de diffusion. En proposant une étude des lieux où l’art prend forme, à ceux dans lesquels il est donné à voir, peut-on parler aujourd’hui d’une écologie de l’art ? Ateliers, laboratoires, résidences, Fablabs, internet et création/diffusion en ligne sont autant d’éléments de réflexion qui témoignent d’un renouvellement des conduites créatrices des artistes et de leur manière d’investir des lieux. Par des échanges de plus en plus féconds entre les lieux de l’art et ceux de la science, de nouvelles méthodes et modèles sont inventés et soulèvent des enjeux importants dans un contexte non seulement culturel, mais aussi politique, économique et social.
Modalités de soumission
Les propositions doivent être transmises par courrier électronique jusqu’au 30 mai 2015 à :
raphael.bergere@hotmail.fr avec une copie à murat.mathilde@neuf.fr
La réception de chaque proposition donnera lieu à un accusé de réception par mail.
La proposition livrée en fichier attaché (titré « nom de l’auteur_arteco_2015 ») aux formats rtf, doc ou odt, sera composée de 3 parties :
– Un résumé de la communication de 4 000 signes maximum, espaces non compris ; – Une courte biographie du (des) auteur(s)
– Une note de positionnement scientifique
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