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Comment rendre voix et présence à ceux qui ont été abjectés du champ de la représentation ? Entre installation et cinéma photographié, Realm of Reverberation, le nouveau projet de Chen Chieh-Jen – dont on connaît l’attachement pour les archives de l’enfermement – se situe au sanatorium de Losheng, construit en 1929 sous colonisation japonaise pour les lépreux de la région de Taïwan. Dans les années 1990, le gouvernement Taïwanais décide de transformer le site et déplace ses pensionnaires. Désormais en ruine, le sanatorium, longtemps considéré par les malades comme une prison inhumaine, apparaît aujourd’hui comme l’espace d’anéantissement d’une mémoire collective tissée par les souvenirs des anciens résidents encore vivants. Au-delà de l’effacement même de ces êtres, de la dislocation de leur habitat, c’est à la disparition des traces de la désintégration de ces vies par le pouvoir que Chen Chieh-Jen contrevient. « A la violence des faits qui se bousculent en eux », ainsi que l’écrivait Michel Foucault dans la Vie des hommes infâmes, Chen oppose une archive sentimentale, une « anthologie d’existences », écrin d’une infime délicatesse pour ces vies singulières devenues peuple fantôme, peuple erratique.
Le film sera mis en regard avec un autre film majeur, archive de l’infâmie et de la maladie sociale, film de poésie de Jean-Daniel Pollet, L’ordre qui raconte la délocalisation des malades de la dernière léproserie d’Europe, sur l’île de Spinalonga. On y disait déjà: « « Nous avons cependant trouvé la cible et le but de la vie ici même, dans la fournaise de la maladie et de l’isolement. » Avec l’abolition de la quarantaine, on retire tout le monde de là, pour que les lépreux retournent dans le monde. Mais voilà, ils ne retournent pas dans le monde. Ils ne reviennent pas car le monde ne veut plus d’eux ; et qu’ils ne veulent plus du monde non plus.»
Kantuta Quirós & Aliocha Imhoff
Né en 1960, Chen Chieh-Jen investigue l’histoire de Taïwan dans le contexte plus large de la mondialisation. Entre photographie, film et performance, son travail porte sur la biopolitique, les politiques de migration, le devenir du monde ouvrier et de l’usine, la puissance de la diffusion des images. Les pièces de Chieh-Jen Chen peuvent être considérées comme des « actes d’écriture des mémoires en marge », gelant « la colonisation de l’intérieur et de l’extérieur du pays ». Elles ont fait irruption dans les années 1980, à l’époque où Taiwan était encore sous loi martiale. Après la levée de la loi martiale en 1987, il a interrompu son travail artistique pendant neuf ans. Chen Chieh-Jen s’est fait remarquer à la fin des années 1990 avec les photographies et son film Lingchi – Echoes of historical photography qui ont fait et font le tour du monde des biennales et autres grandes manifestations internationales : Biennales de Venise, Sao Paolo, Taipei, Lyon, Los Angeles, Kwang-ju, Sidney, Tate Liverpool, Jeu de Paume, etc. Il est représenté par la galerie Olivier Robert.
Solo exhibition
Vernissage le jeudi 6 novembre 2014, 18h
Exposition du 7 novembre au 13 décembre 2014
Galerie Olivier Robert, Paris
Curateurs: Aliocha Imhoff & Kantuta Quirós
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