Appel à projets France 2030 « Alternatives vertes 2 »
Doté de 25 millions d’euros, ce dispositif vise à accélérer la transition écologique des entreprises culturelles, afin d’en faire un…
Crédit image : © Claire Boucl, chaussure « pétalisée »
Claire Bouci créée des installations in situ avec des éléments de la nature. Ses oeuvres éphémères ou évolutives, nous invitent à faire l’expérience d’un environnement dynamique, complexe, riche et fragile.
Les plus récents travaux de philosophie esthétique s’inquiètent du devenir de l’art dans une civilisation de l’image où les critères esthétiques se sont diffusés à l’ensemble de la société. Pensons par exemple à la description de la dissolution de l’art dans l’esthétique omniprésente décrite par Yves Michaud dans L’art à l’état gazeux. La moindre des productions de consommation, telles qu’un mixer, est conçue avec des designers, esthétisée dans sa forme et esthétiquement valorisée par les campagnes marketing qui en soutiennent la vente. Dans un tel contexte pourtant, les domaines traditionnels de l’esthétique que sont l’art et la nature conservent leur intérêt : le désintéressement, la mise en avant de l’expérience et de l’être au lieu de l’avoir, et une importante tradition culturelle qui donne du relief à ces expériences.
Malgré de très importantes différences entre l’expérience esthétique de la nature et celle développée par les arts au fil de leur histoire, ces deux expériences tendent à se rejoindre et à se conforter dans l’art actuel. Si ce rapprochement répond au besoin de valoriser les expériences esthétiques traditionnelles, retranscrites dans un langage artistique contemporain, le rapprochement est également motivé par la situation écologique.
L’écologie scientifique a progressivement montré que la nature était avant tout le résultat des relations entre tous ses composants. Ces relations sont dynamiques et complexes. Cette idée modifie de manière suffisamment importante notre perception de la nature pour que l’artiste devienne un médiateur nécessaire du renouvellement de cette perception. Ainsi, lorsque Claire Bouci créée des installations en matériaux naturels, in situ, éphémères ou évolutives, elle nous invite à faire l’expérience d’un environnement dynamique, complexe, riche et fragile. Ces valeurs constituent le fondement de l’expérience esthétique renouvelée et donnent autant de sens à une démarche artistique d’ensemble.
Mais plus encore peut-être, si une partie de l’art contemporain s’éloigne parfois des problématiques de notre société, de nombreux artistes renouent avec la tradition d’un art engagé. Les crises environnementales en cours, principalement caractérisées par le changement climatique et l’érosion de la biodiversité, ne pouvaient pas laisser les artistes indifférents, eux dont une des fonctions historiques est de témoigner des enjeux de leur époque et d’interroger collectivement les choix de société qui les sous-tendent. Claire Boucl s’engage là aussi dans la problématique contemporaine qui vise à concevoir un modèle de développement durable en lieu et place d’un modèle social fondée sur la notion de croissance économique indépendamment de toute autre considération.
Les pétalisations par exemple, sont une intrusion de l’organique et du naturel dans l’expérience quotidienne. Ce procédé permet de « naturaliser » de manière esthétique et poétique le quotidien grâce au capital culturel esthétique des fleurs. Claire Boucl décline cette idée sur les corps humains, les objets usuels comme les environnements semis naturels. Cette invasion florale rappelle que chaque aspect de nos existences est lié dans le grand tout de la nature. Les matières premières et les énergies utilisées pour fabriquer les objets qui deviennent finalement des déchets ne sortent pas des cycles matériels et naturels. Les corps humains sont eux aussi inscrit dans le grand ensemble organique de la biosphère et de ses flux. En les marquant du saut des fleurs, Claire Boucl propose une expérience sensible, ludique et poétique de la réalité écologique du monde.
Les politiques de développement durable ou de protection du patrimoine naturel n’ont de cesse d’insister sur l’éducation et la sensibilisation. L’expérience esthétique et l’art sont historiquement les mieux à même de prendre en charge la sensibilisation aux enjeux qui nous sont contemporains. En parallèle du nécessaire travail de diffusion des connaissances permettant de comprendre les problématiques environnementales, les arts plastiques assurent la mise en place d’une relation sensible et intuitive à ces questions. C’est dans cette perspective que s’inscrit le travail de Claire Boucl qui a relevé le défi de renouer avec la tradition de la place de l’artiste et qui use d’un langage contemporain adapté à son sujet dans une expérience globalisante de la nature.
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