PROCÈS FICTIF : LA SEINE, LES DROITS D’UN FLEUVE
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La question écologique parcourt l’art contemporain : du pionnier Gustav Metzger, créateur en 1959 de l’art auto-destructif, à la jeune Pamela Rosenkranz qui produit d’inquiétantes peintures sur couvertures de survie, en passant par Lara Almarcegui qui projette actuellement à la 55e biennale de Venise un diaporama saisissant sur une île-décharge située à quelques kilomètres seulement des pavillons nationaux, nombreux sont les artistes qui abordent frontalement le sujet. Cependant, penser une exposition dans le cadre imposé de l’attribution d’un label vert à la ville qui l’accueille exigeait peut-être une approche plus feutrée.
Si la fin du monde n’a pas eu lieu l’an passé, nous ne sommes pour autant pas délivrés de l’inquiétude qui nous a été offerte corrélativement à l’avènement de la modernité et de notre liberté. Cette inquiétude de l’homme sans dieu, remisé aux confins du cosmos car déchu de sa position centrale, s’incarne depuis en de multiples formes, du vitalisme au nihilisme, du progressisme au catastrophisme… jusqu’à se développer de plus en plus dans une éthique de la catastrophe qu’imposent aujourd’hui autant les politiciens que les économistes, les écologistes ou les gourous apocalyptiques. C’est bien souvent le terrain environnemental qui cristallise ces peurs — peut-être par facilité — de par son universalité. Il est désormais avéré que nous sommes en crise écologique globale, depuis dix, vingt, trente ans, c’est selon, mais que signifient réellement ces termes ? Pour certains, la crise écologique est avant tout une crise économique, pour d’autres, elle est d’abord métaphysique ; quand les premiers pensent y remédier par des accords tels que le protocole de Kyoto, les seconds cherchent à en déterminer l’origine dans nos modes de pensée.
« Le péril vert » est ainsi à entendre de deux manières, de prime abord contradictoires et pourtant conjointes : s’il semble acquis que la nature est mise en péril par l’homme — depuis la révolution industrielle de la fin du xviiie siècle pour les tenants de l’Anthropocène, depuis l’avènement de la mondialisation et plus particulièrement les années double zéro pour l’opinion la plus répandue — , il est non moins plausible de l’entendre comme une possible mise en péril de l’humanité. Néanmoins, il n’est pas question ici de nous soumettre à de quelconques projections anthropomorphes du type « Pleurons en cœur, la nature souffre par notre faute, nous devons tout faire pour la protéger » ou encore « Ayons peur, la nature va se venger de l’homme qui la martyrise » ; il n’est utile ni d’en faire un sujet pensant, ni d’en faire un objet souffrant pour comprendre les enjeux de nos rapports à elle. Il semble avant tout urgent de réviser notre imaginaire pour cesser de la penser de manière binaire et idéalisée.
« Le péril vert » réunit donc des artistes pour lesquels l’écologie — au sens premier d’étude des relations entre les êtres vivants et leur milieu — constitue une interrogation cruciale, qu’ils dévoilent la fragilité paradoxale des êtres ou qu’ils formalisent sous des dehors colorés la crainte rampante d’un avenir par essence incertain, qu’ils soient fondamentalement engagés ou qu’ils cherchent les failles de la bien-pensance à tendance verte. Deux orientations se mêlent dans l’exposition : des œuvres qui, sous des dehors « réalistes », voire documentaires, ouvrent un espace fictionnel qui a d’ailleurs beaucoup à voir avec la question de la défense d’un territoire (celle de Marie Voignier avec la réminiscence hitchcockienne que ne manquent pas de créer les nuées noires d’étourneaux qui tourbillonnent à l’écran ; celle de Clarisse Hahn dont la nudité des héros transforme la manifestation en une sorte d’étrange parade ; le film de Superflex qui donne à la catastrophe une dimension éminemment contemplative ou encore le projet de Blaise Parmentier qui transmue les données cartographiques en sculpture), en côtoient d’autres qui, sous un abord plus distancié au réel, pointent paradoxalement des questions très précises (le lustre à énergie solaire de Scoli Acosta, les déchets esthétisés de Julien Berthier, les « recyclages inutiles » d’A Kassen ou le paysage reconstitué de Pierre Malphettes). De quoi donner du grain à moudre à nos consciences citoyennes.
Artistes : Scoli Acosta, Julien Berthier, Clarisse Hahn, A Kassen, Pierre Malphettes, Blaise Parmentier, Superflex, Marie Voignier.
Exposition à l’atelier
1 rue de Chateaubriand, Nantes
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