Compagnie Crache Larmes
La Compagnie Crache Larmes traite de nombreux thèmes sociaux majeurs - l'écologie, la discrimination, l'inter-culturel - à travers les arts…
Depuis les années 70, Herman de Vries mène une réflexion sur l’évolution du paysage contemporain, urbain ou rural, et développe parallèlement sa propre philosophie qui trouve un point d’ancrage dans le tractatus logico-philosophicus de wittgenstein, mais aussi dans la philosophie orientale ou la poésie. Biologiste de formation, passionné de botanique et de recherche scientifique, il utilise sa connaissance des plantes pour les mettre en relation avec les différentes cultures du monde, s’appliquant à démontrer l’universalité du paysage et la réalité primaire de la nature, plus capitales encore que le langage, par leur appréhension, qui est une valeur humaine universelle.
Pour conserver cette notion d’universalité, herman de vries a une approche presque mystique du paysage comme espace protégé, propice à la liberté d’épanouissement s’il est exempt de toute intervention humaine. Pendant plus de dix années, il a mené des projets sur le territoire de la Réserve Géologique de Haute-Provence en collaboration avec le CAIRN et le musée Gassendi. Ce territoire s’est révélé être pour lui un lieu d’expérimentation et de création aussi important que la région d’Eschenau en Allemagne où il vit depuis plus de trente ans. « Digne est rapidement devenue une part de moi-même, elle a pris une place dans mon coeur, car c’est quasiment le seul endroit au monde où je n’ai trouvé que pure poésie.»
L’oeuvre d’herman de vries présente des fragments de nature collectés puis restitués en l’état dans un lieu autre, mais aussi des interventions in situ se révélant dans leur contexte naturel où la marche est nécessaire pour accéder aux sites investis par l’artiste.
« Pour Herman de Vries, la nature se suffit à elle-même et n’a pas besoin d’être embellie par l’art, au contraire de ce que soutenait la doctrine classique de l’art comme « belle représentation « des choses : « nature est art », dit-il, car elle est création perpétuelle. Certes, l’artiste ne doit pas non plus prendre la nature pour une scène où disposer ses productions : « je déteste l’art dans la nature », dit encore Herman de Vries, dont les interventions n’ont, en dépit des apparences, rien de commun avec le Land Art, ce pan important de l’art contemporain qui a trouvé dans la nature un substitut avantageux aux espaces d’exposition de la galerie ou du musée. Toutefois, nous nous sommes tellement éloignés de la nature, nous l’avons tellement modifiée, manipulée, détruite, nous avons si bien oublié qu’elle est l’art par excellence, que seul un artifice de plus, celui de l’art humain, peut nous aider à la retrouver. Parce que nous avons perdu toute relation d’immédiateté avec la nature, nous avons besoin de la médiation supplémentaire de l’art pour restaurer l’unité que nous formions avec elle. (…)
Anne Moeglin-Delcroix, Extrait de la Proximité dans la distance, L’art et la nature chez Herman de Vries, Fage éditions et musée Gassendi, 2009
Exemples d’oeuvres
Les Sanctuaire de la nature, mode d’intervention le plus célèbre de l’artiste qui consiste à délimiter par une grille ou un mur un coin de nature qui ne sera plus accessible à l’homme et donc modifié par lui, ont justement pour but de protéger de la main de l’homme des morceaux de paysage qui doivent se suffire à eux-mêmes et suffire à l’homme en tant que tels, sans ajouts de sa part. Ces espaces respectés et protégés laisseront à nouveau la nature prendre le dessus, opérer des changements porteurs de hasards et de vie. Ces mouvements induiront de nouvelles expériences, démontrant ainsi la pérennité de la vie. Il n’existe à l’entrée des sanctuaires, aucun texte ou explications à l’attention du promeneur, l’avertissant du projet d’herman de vries. ainsi, chacun est libre de passer à côté sans rien voir, ou d’y développer sa propre réflexion. Seule, parfois, une phrase extraite de sa philosophie ou de sa poésie est gravée dans la pierre, comme un indice. Ces sanctuaires restent donc un défi face au développement de notre civilisation, qui menace sans cesse le paysage naturel.
À propos de Herman de Vries :
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