Laura Cinti
Laura Cinti est une artiste qui travaille avec la biologie et codirige le collectif artistique transdisciplinaire primé C-LAB, qu’elle a…
Crédit image : (c) Carlos Cecconello/ Folhapress
Les liens entre art et écologie fondent la recherche de Maria Thereza Alves. Artiste brésilienne vivant aujourd’hui en Europe, elle développe différentes modalités d’enquête sur les phénomènes sociaux et culturels et la remise en question de nos convictions à leur sujet. Animée d’une conscience politique, fondatrice du Partido Verdo (parti vert) brésilien à São Paulo et précédemment représentante du Partido dos Trabalhdores (parti des travailleurs), Maria Thereza Alves a mis en oeuvre une critique de l’asservissement des peuples indiens et de la violence infligée par les institutions et les possédants, en les privant de terres et de moyens de survie. Elle est marié à Jimmie Durham, grand artiste activiste américain d’origine Cheroke, militant de la cause indienne dans les années 1970 et 1980. Alves a récemment exposé à la Triennale de Guangzhou, à Manifesta à Trento, la Biennale de Prague, la Biennale d’Athènes et la Biennale de Lyon où elle a reçu le Prix de la Francophonie.
Envisager l’activité artistique comme une recherche sur la vie, en travaillant sur ce que l’on ne connaît pas encore, revient à prendre un chemin imprévisible. Au cours de ce trajet, qui consiste à faire l’expérience du monde, les rencontres guident l’artiste. La question de l’identité est toujours au coeur de ses préoccupations. Maria Thereza Alves retourne les méthodes de l’enquête ethnographique et anthropologique, en les appliquant aux cultures occidentales qui les ont édictées. Les égarements de l’ethnocentrisme européen sont mis en évidence, sur la base d’une critique de l’impérialisme – de son histoire, de ses conséquences, de ses rémanences.
Exemples d’oeuvres
Depuis plusieurs années, elle a développé le projet Seeds of Change avec les outils de l’archéologie, afin de mettre en évidence une histoire et une géographie secrète des plantes. Dans plusieurs villes portuaires, ses recherches l’ont amenée à dresser une cartographie cognitive de la mondialisation en récoltant à la manière d’un archéologue, les graines transportées dans le ballast délesté par les navires marchands. En redonnant vie à ces « graines dormantes » (parfois depuis plusieurs centaines d’années) Maria Thereza Alves reconstruit à travers la dissémination des espèces végétales l’histoire des mouvements de population. Que les graines aient voyagé dans les poches des esclaves, ou le ballast des cargots, leur implantation contemporaine dresse une carte historique du processus de globalisation où échanges de marchandises, exploitation humaine et commercialisation du vivant se confondent. Elle développe une approche systémique du monde propre à la pensée écologique qui étudie les flux d’énergie et de matière pour mettre en évidence l’interdépendance du vivant et de son milieu. En établissant ses recherches à côté des scientifiques, Maria Thereza Alves affirme la possibilité pour l’activité artistique de développer une pensée de la vie procédant d’un alliage de savoirs sensibles et cognitifs. Une écosophie, au sens où Félix Guattari pensait l’articulation éthico-politique entre les trois registres écologiques : l’environnement, les rapports sociaux et la subjectivité humaine. Il s’agit pour elle de saisir les processus de singularisation des formes de vie. En mettant en évidence une poétique de la diversité, qui échappe aux pouvoirs et à leurs injonctions de territorialisation.
À propos de Maria Thereza Alves :
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