L’art écologique aux prises avec ses stéréotypes
Un article de Bénédicte Ramade
Crédit image : Antti Laitinen, Self-portrait in the swamp, 2002
Anna Katharina Scheidegger, Laurent Tixador, Amy Franceschini-Futurefarmers, Hanna Husberg, Liliana Motta, Zhao Renhui, Ivana Adaime Makac, Nicolas Floc’h, Matthew Moore-Digital Farm Collective et Damien Chivialle sont les dix artistes nominés parmi près de 200 candidatures provenant de plus de 30 pays, pour le Prix COAL Art et Environnement 2013.
Le Jury se réunira le 2 avril prochain au Laboratoire pour désigner le lauréat qui recevra une bourse de 10 000 euros.
Le Prix COAL récompense chaque année, depuis 2010, des projets d’artistes contemporains sur les enjeux environnementaux. Pour cette quatrième édition, près de 200 artistes provenant de plus de 30 pays ont répondu à l’appel à projets du Prix Coal 2013. De nombreux artistes renommés et pionniers de l’art en lien avec l’écologie y ont participé. Ce succès reflète l’engagement croissant des artistes sur le thème de l’environnement et la visibilité grandissante du Prix Coal sur la scène internationale.
10 projets sur le thème « Adaptation »
Parmi les projets finalistes, l’évolution urbaine, collaborative et open source des pratiques agricoles, représente le premier moyen d’adaptation face à la raréfaction des ressources. En s’appropriant l’agriculture et la production alimentaire, la ville gagne en autonomie et en résilience. Le projet du Français Damien Chivialle consiste à installer au cœur des villes des unités de production agricole multifonctions appelées Urban Farm Units. Le collectif américain Futurefarmers de l’artiste Amy Franceschini a pour ambition, avec Bakehouse Bjorvika, de donner à la ville la maîtrise complète de la chaîne du pain, du champ au four ambulant. The Living Library du Digital Farm Collective, piloté par l’Américain Matthew Moore, propose quant à lui de créer un réseau d’informations transparent entre agriculteurs, scientifiques et citoyens pour évaluer les conséquences du changement climatique sur la production agricole.
La montée du niveau des mers et la fonte des glaciers, autres effets du réchauffement climatique, se trouvent également au cœur des propositions des artistes. Le projet Contingent Movements Archive de Hanna Husberg, Laura McLean et Kalliopi Tsipni-Kolaza consiste à interroger l’avenir des Maldives, nation dont le territoire est amené à disparaître, submergé par les eaux d’ici à cent ans. Avec 31 juillet à Fiesch, Anna Katharina Scheidegger observe les paroissiens du village de Fiesch qui, tous les 31 juillet, prient pour limiter la fonte rapide du glacier alpin qui les surplombe.
La tentative d’adaptation à un milieu quel qu’il soit engendre des défis inédits.
Mobilisant connaissances et gestes pré-technologiques, Laurent Tixador construit des Architectures transitoires, lieux de vie temporaires et nouvelles sociétés utopiques, à partir des matériaux disponibles dans son environnement immédiat.
L’adaptation de la faune et de la flore est également au cœur des projets retenus. L’artiste devient ici le témoin et l’allié d’une nature malmenée par l’Homme. Avec Éloge du dehors, Liliana Motta réhabilite les plantes dites invasives, rendant justice à la dimension positive de l’adaptation et à la plasticité du vivant. L’artiste argentine Ivana Adaime Makac propose avec L’Observatoire de Monsieur Martins de dé-domestiquer le ver à soie en créant une nouvelle lignée délivrée de cinq mille ans d’asservissement à l’homme et capable peu à peu de revivre à l’état sauvage. Le projet Structures productives de Nicolas Floc’h s’attache pour sa part aux récifs coralliens artificiels, qui permettent de régénérer les écosystèmes marins, aujourd’hui dévastés par la surpêche.
Enfin, l’adaptation dans sa dimension la plus tragique et poétique est abordée par l’artiste singapourien Zhao Renhui, dans Halfway to Heaven. Les papillons montent en altitude au fur et à mesure que la température augmente avec le changement climatique afin de rester à température égale ; bientôt le sommet… et la mort. Métaphore d’une fin possible de notre civilisation ?
Le comité de sélection 2013
Les artistes nominés ont été choisis par un comité de sélection composé de Nathalie Blanc, Anne-Marie Charbonneaux, Claudio Cravero, Olivier Darné, Eva Hober, Theresa von Wuthenau. Et les fondateurs de Coal : Loïc Fel, Lauranne Germond, Guillaume Robic, Clément Willemin.
Le Prix COAL Art et Environnement
Depuis 2010, le Prix COAL Art et Environnement, d’une valeur de 10 000 euros, récompense chaque année le projet d’un artiste contemporain sur les questions environnementales.
Le Prix COAL est placé sous le haut patronage du Ministère de la Culture et de la Communication, du Ministère de l’Écologie, du Développement durable et de l’Énergie et du Centre National des Arts Plastiques. En 2013, le Prix COAL bénéficie du soutien de la Fondation Yves Rocher, du groupe Egis. La cérémonie est organisée en partenariat avec le Laboratoire, Hédonie et l’agence New-York.
Lauréats des précédentes éditions :
– En 2012, La Banque de Reines d’ Olivier Darné, sur le thème de la Ruralité ;
– En 2011, Marbre d’ici de Stefan Shankland, ainsi que Folia Atropoïca d’Art Orienté Objet et Beuy’s Acorns d’ Ackroyd & Harvey dans une catégorie spéciale Forêts ;
– En 2010 Assolement de Thierry Boutonnier.
Un article de Bénédicte Ramade
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